ФАНТАСТИКА

ДЕТЕКТИВЫ И БОЕВИКИ

ПРОЗА

ЛЮБОВНЫЕ РОМАНЫ

ПРИКЛЮЧЕНИЯ

ДЕТСКИЕ КНИГИ

ПОЭЗИЯ, ДРАМАТУРГИЯ

НАУКА, ОБРАЗОВАНИЕ

ДОКУМЕНТАЛЬНОЕ

СПРАВОЧНИКИ

ЮМОР

ДОМ, СЕМЬЯ

РЕЛИГИЯ

ДЕЛОВАЯ ЛИТЕРАТУРА

Последние отзывы

Невеста по завещанию

Очень понравилось, адекватные герои читается легко приятный юмор и диалоги героев без приторности >>>>>

Все по-честному

Отличная книга! Стиль написания лёгкий, необычный, юморной. История понравилась, но, соглашусь, что героиня слишком... >>>>>

Остров ведьм

Не супер, на один раз, 4 >>>>>

Побудь со мной

Так себе. Было увлекательно читать пока герой восстанавливался, потом, когда подключились чувства, самокопание,... >>>>>

Последний разбойник

Не самый лучший роман >>>>>




  75  

— C’est incroyable, constata-t-il, mais elle fonctionne parfaitement. Simplement, elle dort !

— Comment ça, elle dort ? s’étonna Adalbert, jouant le jeu.

— Constatez vous-même !

Adalbert lui appliqua des tapes qui n’obtinrent d’autre résultat qu’un léger ronflement.

— A-t-elle bu ou mangé autre chose que vous ? demanda-t-il à Adalbert. Elle sent l’alcool.

— Ici, non. Quand je suis allé la chercher, je sais qu’elle venait d’assister à un cocktail…

Parfaitement imaginaire mais qui faisait joli dans le tableau.

Le médecin leva des épaules impuissantes :

— Le mieux est de la laisser dormir. Ramenez-la chez elle, Monsieur, et confiez-la à sa femme de chambre qui, au besoin, appellera son médecin traitant, ce que je n’ai pas l’honneur d’être, ajouta-t-il avec un sourire indiquant qu’il savait à qui il avait affaire.

Adalbert reprit alors la parole :

— Malheureusement c’est le jour de sortie de sa camériste…

— Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner ? proposa aussitôt Marie-Angéline.

— Je vous en serais reconnaissant, Madame ! Pourriez-vous, Monsieur le directeur, prier le portier d’avancer ma voiture, dit-il en rendant le numéro qu’on lui avait donné. En outre, faites-moi apporter ma note.

Ce fut vite expédié. Quelques minutes plus tard, tous trois prenaient la direction de la Villa Amanda mais les deux complices se gardèrent de parler, dans l’ignorance de la profondeur du sommeil de leur victime.

Enfin la voiture s’arrêta devant la maison obscure.

— Je suppose qu’elle a sa clef, fit Plan-Crépin en s’emparant du sac de soirée en satin brodé.

— D’abord sonner ! Il y a le maître d’hôtel… Il s’appelle Ramon.

Un moment s’écoula avant qu’il ne parût à l’une des fenêtres du premier étage, visiblement réveillé de frais.

— Qu’est-ce que c’est ?

— M. Vidal-Pellicorne et une demoiselle de l’Armée du Salut. Nous ramenons Mme Timmermans qui a eu un malaise…

— Je viens ! Mais elle a sa clef, vous savez ?

Encore un qui n’aime pas être tiré de ses couvertures en pleine nuit ! songea Adalbert. Il serait certainement ravi d’y retourner.

Cinq minutes après, les deux hommes portaient Louise à travers la maison, suivis de l’imperturbable salutiste qui suggéra :

— Il faudrait peut-être prévenir sa femme de chambre ?

— C’est son jour de sortie : elle ne sera là que demain matin et la cuisinière n’habite pas la villa… Faut-il appeler un docteur ?

— Celui du casino Bellevue vient de l’examiner. Il dit que le mieux est de la laisser dormir. Je ne voudrais pas médire… mais elle a dû boire un petit peu trop. Vous verrez demain si elle exprime le désir de le consulter…

Ramon eut un soupir de soulagement :

— Ah, je préfère ! Si vous avez l’obligeance de continuer à m’aider, Monsieur, nous pourrions la porter dans sa chambre où Mademoiselle acceptera peut-être de la mettre au lit.

— Bien volontiers !

Tandis que l’on montait Mme Timmermans, le cœur d’Adalbert battait la chamade. Celui de Marie-Angéline, à l’unisson, en dépit de la froide dignité de son maintien. Allaient-ils enfin être payés de leur peine ou l’éventail qu’ils cherchaient n’était-il qu’une illusion de plus ?

L’appartement de la reine du chocolat ressemblait à une bonbonnière. Ce n’étaient que mousselines blanches, satins brochés roses, coussins, et, en dehors du lit drapé desdites mousselines, quelques jolis meubles Louis XVI bien choisis et parfaitement authentiques. Sur la coiffeuse nappée de dentelles de Malines, des flacons de cristal gravé d’or, plusieurs parfums différents, une collection de brosses et de peignes, sans compter nombre de petits pots de crèmes de beauté. Quelques gravures d’un goût sûr ornaient les murs.

Une fois Louise déposée sur son lit – la couverture était faite et une chemise de nuit de crêpe de Chine blanche disposée sur l’oreiller –, les deux hommes se retirèrent. Adalbert ayant annoncé qu’il attendrait la sœur salutiste pour la rapatrier, Ramon se hâta de lui proposer quelque chose à boire et il accepta un whisky.

— Il y a le nécessaire dans le salon à côté de l’entrée, à main droite. Le meuble sur lequel sont posés les flacons est un réfrigérateur, le renseigna cet homme qui, à l’évidence, brûlait d’envie de regagner son lit.

Adalbert l’y encouragea :

— Inutile que vous perdiez votre nuit entière. En repartant, je jetterai les clefs dans la boîte aux lettres…

— Oh ! Je remercie mille fois Monsieur ! J’ai eu une lourde journée de nettoyage, Madame étant très stricte sur le moindre grain de poussière.

— Le contraire m’eût étonné ! Dormez bien, mon ami !

N’étant encore jamais entré dans la maison, Adalbert, un verre en main, commença par visiter le rez-de-chaussée pour calmer son énervement croissant. Il était impatient de monter voir ce que faisait Marie-Angéline. Au bout d’un moment qui lui parut durer un siècle, il n’y tint plus, grimpa l’escalier – couvert d’un large chemin en moquette bleue – sans faire le moindre bruit et alla gratter discrètement à la porte. Ne recevant pas de réponse, il recommença, puis une troisième fois et, inquiet finalement, se décida à ouvrir. Mme Timmermans reposait paisiblement dans sa chemise blanche et dans son lit rose, une veilleuse allumée à son chevet… mais Marie-Angéline était invisible…

Il referma précautionneusement la porte, s’avança dans la chambre, appela de nouveau… et cette fois sa complice lui apparut dans l’encadrement d’une porte donnant sur la pièce voisine qui devait être un boudoir. Elle était pâle comme une morte mais, entre ses mains, elle tenait le coffret de cuir bleu frappé de la couronne et du chiffre impériaux :

— Vous l’avez trouvé ? fit-il joyeusement, sotto voce.

— Oui… mais je n’ose pas l’ouvrir. L’émotion, je pense !

— Donnez-le-moi !

Il posa l’objet sur un guéridon, l’ouvrit en tira l’éventail qu’il tendit à sa comparse puis examina le fond. Si les émeraudes avaient une chance de se trouver quelque part, c’était là, mais la boîte était gainée de velours blanc et il semblait difficile de l’ouvrir sans découper le tissu. Le travail avait été exécuté à la perfection et, à moins d’être au courant, personne n’aurait eu l’idée d’aller regarder là-dessous…

— Comment allez-vous faire ? chuchota Marie-Angéline.

— Il va falloir couper à l’endroit le moins visible…

En vue d’une opération de ce genre, il s’était muni d’un scalpel de chirurgien et choisit de l’enfoncer dans le côté de l’ouverture. Le velours se trancha net, ce qui permit à Adalbert de constater qu’il était collé au fond et non simplement tendu. À cet instant, Louise s’agita dans son lit, balbutiant quelques mots incompréhensibles. Le cœur battant, Plan-Crépin se précipita, tâta le front de la dormeuse, ce qui dut la gêner car elle se tourna de l’autre côté…

  75